Le phénomène Peltier : vérité et fiction
De quoi les déshumidificateurs à semiconducteur (aussi appelés « à effet Peltier ») sont-ils (ou non) capables ?
Électrique ? Peltier ? Mini ? Déshumidificateur à semiconducteur ?
Lorsque l’on est à la recherche d’un déshumidificateur adapté, on rencontre de nos jours, de plus en plus souvent, des appareils à effet Peltier, également appelés déshumidificateurs à semiconducteur, déshumidificateurs électriques ou encore mini-déshumidificateurs.
Notre caricature d’une boutique en ligne veut l’illustrer avec un sourire : en lisant les descriptions des fabricants, on a vite l’impression qu’il s’agit là de véritables merveilles de la technique capables de rendre complètement obsolètes, dans de nombreux domaines, les appareils à compresseur.
À première vue, les « minis » semblent pouvoir tout mieux faire. Mais, en y regardant de plus près, on s’aperçoit de l’existence de nombreux mythes plus flatteurs que réels.
Notre objectif, avec ce guide pratique, est de mettre en regard les éloges de la technologie Peltier et les faits objectifs, afin de vous fournir avant l’achat des informations sérieuses et vous éviter d’éventuels mauvais investissements.
Mythe n° 1 :
« Les déshumidificateurs à semiconducteur sont tout aussi capables que les appareils à compresseur »
En effet, la technologie à compresseur et celle à effet Peltier ont quelque chose en commun. Il s’agit dans les deux cas de déshumidificateurs d’air à condensation qui doivent générer du froid afin que l’air condense sur la partie froide et que l’eau extraite soit récupérée dans le bac collecteur.
Les appareils à compresseur fonctionnent selon le même principe que votre réfrigérateur, ils sont composés d’éléments très comparables. Et les déshumidificateurs à semiconducteur fonctionnent comme une glacière de camping : dans les uns comme dans les autres, on trouve des éléments semiconducteurs « Peltier ».
Pourtant, aucun fabricant d’appareils ménagers n’intègre d’élément « Peltier » dans ses réfrigérateurs ! Mais tous mettent en œuvre la technologie à compresseur.
Pourquoi ? Pour une bonne raison : les performances de l’effet Peltier sont tout simplement insuffisantes pour l’utilisation visée.
Il en va de même avec les déshumidificateurs à semiconducteur : ceux-ci sont souvent proposés, sur Internet, avec des possibilités d’utilisation si exagérées qu’elles frôlent l’escroquerie parce qu’elles dépassent de loin ce dont la technologie est capable. De la même façon que vous ne pouvez pas remplacer votre réfrigérateur par une glacière de voyage.
Mythe n° 2 :
« Il existe aussi, dans la catégorie un ou deux litres, des déshumidificateurs à effet Peltier bon marché »
Déshumidificateur de 600 ml, 1 000 ml ou plus : Internet regorge de telles propositions. À première vue, il semble qu’il s’agisse de la capacité de déshumidification journalière. Mais lorsque l’on regarde de plus près, on remarque vite qu’il s’agit en général, dans le cas des déshumidificateurs à semiconducteur, de la taille du bac collecteur pour l’eau de condensation.
Toutefois, un bac plus grand n’entraîne pas des performances plus élevées dans les mêmes proportions !
Même si votre voiture avait un réservoir deux fois plus grand, cela ne voudrait pas dire qu’elle n’aurait pas la même puissance...
Lorsque vous choisissez votre déshumidificateur, ne vous laissez pas guider uniquement par le nombre de litres indiqués dans le titre : faites bien attention à la capacité de déshumidification. Celle-ci est souvent inférieure à la moitié du volume du bac collecteur.
Mythe n° 3 :
« Les déshumidificateurs à semiconducteur sont très efficaces, ils consomment peu d’énergie »
En lisant les caractéristique techniques des déshumidificateurs à effet Peltier, on est immédiatement frappé par la consommation d'électricité.
Seulement 40, 30, voire même 20 Watt par heure, voilà qui est bien plus économe que la consommation des appareils à compresseur qui n’est jamais inférieure à 200 Watt par heure.
Trop beau pour être vrai ? En effet, ce n’est qu’une partie de la vérité. Ce n’est pas la consommation horaire qui est importante, mais uniquement le rendement. La vraie question est la suivante : « Combien de courant dois-je fournir pour obtenir ce que je souhaite ? »
Et, tout-à-coup, le résultat a une tout autre allure. Pour condenser un litre d’eau extrait de l’air, un déshumidificateur à effet Peltier moyen a en règle générale besoin d’environ 2 400 Watt. Un appareil à compresseur, par contre, n’a besoin pour 1 litre d’eau que d’environ 500 Watt.
Pour la même capacité de déshumidification, le déshumidificateur à semiconducteur a donc besoin de presque cinq fois plus de courant !¹ Pas vraiment « hautement efficace » ni « économe en énergie », n’est-ce pas ?
Mythe n° 4 :
« Les déshumidificateurs à semiconducteur sont bien moins chers que les appareils à compresseur »
D’accord, lorsqu’on regarde uniquement le prix d’achat, le déshumidificateur à effet Peltier fait bonne figure. Alors que ce type d’appareil est disponible à partir de 40 € environ, on doit investir plutôt un minimum de 120 € pour un petit appareil à compresseur.
Toutefois, il faut bien réfléchir à une chose : vu sous cet angle, un vélo est également bien meilleur marché qu’une voiture. Et ce sont tous les deux des moyens de transport. De même, les appareils à effet Peltier, comme les appareils à compresseur, sont des déshumidificateurs, n’est-ce-pas ?
Mais la comparaison n’a de sens que lorsqu’on observe le coût d’achat ramené au litre de capacité de déshumidification.
Et là, un déshumidificateur à effet Peltier a vite fait de coûter 130 € et plus par litre, tandis que vous trouvez des appareils à compresseur, de manière typique, autour de 8 € par litre.²
Les coûts d'achat par litre de capacité de déshumidification d’un déshumidificateur à semiconducteur sont donc supérieurs d’un facteur 16 à ceux d’un appareil à compresseur ! Presque 20 fois plus d’argent pour la même quantité d’eau : pas si bon marché que cela, n’est-ce pas ?
Mythe n° 5 :
« Un déshumidificateur à semiconducteur suffit pour les petites pièces, par exemple lorsqu’il s’agit juste d’empêcher les moisissures »
Pour que l’air ambiant soit dans la zone de bien-être et qu’il n’y ait aucun risque de moisissures, l’humidité relative doit se situer aux alentours de 50 % HR. Déjà, pour une pièce très petite de 10 m² seulement, et dans des conditions idéales (construction neuve, bonne isolation), il faut extraire de l’air plus de 600 ml d’eau par jour pour assurer un tel climat. Dans de l’ancien, plus de 1 000 ml sont nécessaires.³
Mais un déshumidificateur à effet Peltier n’atteint, dans le meilleur des cas et dans des conditions de laboratoire, quelque 300 ml par jour (à 30 °C / 80 % HR). Et dans la pratique et un environnement réel, ce ne sont plutôt que 100 ml – dont nettement moins. Vu cette capacité de déshumidification extrêmement faible, les déshumidificateurs à semiconducteur sont donc totalement inappropriés pour ce type d’applications.
Et, dans notre exemple de calcul, nous n’avons même pas pris en compte qu’il pouvait y avoir des personnes ou des plantes dans la pièce. Il y aurait alors un apport supplémentaire d’humidité qu’il faudrait également compenser. Dans un tel cas, le déshumidificateur devrait atteindre environ 1 680 ml par jour³ : presque 6 fois la capacité d’un déshumidificateur à effet Peltier !
Seul un appareil à compresseur est en mesure de faire baisser durablement l’humidité de l'air dans une pièce – aussi petite soit-elle.
Mythe n° 6 :
« Très compacts, les déshumidificateurs électriques peuvent être placés en toute souplesse dans le salon ou dans la chambre à coucher, la cuisine ou la salle de bains pour déshumidifier de façon permanente »
Suivant la manière dont vous utilisez vos pièces, vous y introduisez chaque jour de l'humidité supplémentaire. De même, l’air extérieur plus humide a tendance à se mélanger avec l’air intérieur, si celui-ci est plus sec. Les spécialistes parlent ici de charge d’humidité interne et externe.
Chaque personne présente dans la pièce y apporte par sa respiration et sa transpiration presque 1 000 ml d’humidité supplémentaire dans l’air ambiant, chaque plante quelque 48 ml. Sans oublier la cuisine et la vaisselle qui ajoutent vite 700 ml, ni la douche avec 300 ml par personne.
Ces charges d’humidité supplémentaires doivent pratiquement être compensées par le déshumidificateur pour se contenter de maintenir le statut quo.
Mais un déshumidificateur à effet Peltier parvient dans le meilleur des cas à extraire à peine quelque 300 ml d’humidité par jour !
Ces valeurs pratiques vous permettent de calculer facilement que les déshumidificateurs à semiconducteur sont totalement inappropriés pour la cuisine, la salle de bains, etc. Seul un appareil à compresseur, de la catégorie de puissance adaptée, peut être mis en œuvre pour une déshumidification permanente efficace.
Mythe n° 7 :
« Pour la cave ou le garage, un tel petit déshumidificateur électrique me suffit bien »
Bien sûr, on peut disposer partout un déshumidificateur électrique comme décoration, mais pas pour déshumidifier. Parce que, dans les pièces froides et non chauffées, l’élément réfrigérant givre et toute déshumidification par condensation devient dès lors physiquement impossible.
Ceci vaut d’ailleurs également pour les appareils à compresseur et dégivrage par circulation d’air tels qu’ils sont proposés pour les pièce chauffées. Là aussi, l’évaporateur givre à basse température et la simple circulation d’air ne suffit plus à le dégivrer.
La déshumidification durable des locaux non chauffés à une température ambiante inférieure à 15 °C doit être confiée exclusivement à des appareils à compresseur et dégivrage à gaz chaud.
Mythe n° 8 :
« Si un déshumidificateur à semiconducteur ne suffit pas, j’en utilise plusieurs, tout simplement. C’est toujours moins cher qu’un appareil à compresseur ! »
La technologie Peltier n’est pas extensible. Voilà pourquoi, pour des raisons purement physiques, il est pratiquement impossible, avec un déshumidificateur à semiconducteur, d’extraire de l’air plus de 450 ml d’eau en 24 heures.
Et ces valeurs de pointe ne peuvent être atteintes qu’à une température ambiante de 30 °C et avec 80 % d’humidité relative : des conditions de laboratoire …
Déjà, à une température ambiante de 20 °C et avec 70 % d’humidité relative, la capacité des appareils tombe au-dessous de 50 % des performances maximum indiquées.
Bien sûr, si le besoin est élevé, on pourrait utiliser simultanément plusieurs appareils, mais ce ne serait ni économique ni efficace au plan énergétique. Par litre de capacité de déshumidification, le déshumidificateur à semiconducteur coûte environ 130 Euro et consomme pour chaque litre extrait de l’atmosphère 2,2 kW d’électricité. En outre, pour une capacité de déshumidification de 9 litres, ce sont 32 (!) appareils à effet Peltier qui seraient nécessaires.
Sans parler du fait que des dizaines de déshumidificateurs électriques n’arrangent pas vraiment l’esthétique de vos locaux, ni que la nécessité de vider régulièrement 32 réservoirs représente pas mal de travail …
À l’inverse, la technologie à compresseur est extensible : il existe pour chaque besoin de puissance un appareil adapté.
Mythe n° 9 :
« Si c’est écrit dessus, c’est vrai dedans »
Dans le cas des déshumidificateurs à semiconducteur, malheureusement, les slogans ronflants de l’emballage ont souvent peu à voir avec le contenu.
« Déshumidificateur », « mini-déshumidificateur de chantier », « pour les pièces jusqu’à 25 m² »... voilà, entre beaucoup d’autres choses, ce que l’on trouve dans les descriptions publicitaires richement illustrées des déshumidificateurs à effet Peltier. Mais ce n’est pas parce qu’on les répète encore et encore que ces affirmations gagnent en véracité. Et vous êtes suffisamment intelligent pour y voir clair et ne pas prendre des vessies pour des lanternes.
Un « déshumidificateur » mérite son nom si on peut le mettre en œuvre dans une pièce de taille normale – pourtant, avec la meilleure volonté du monde, les déshumidificateurs à effet Peltier arrivent à leurs limites dès que l’on dépasse 10 m². Et un « déshumidificateur de chantier », même « mini », nécessite absolument un dégivrage à gaz chaud. Alors que les déshumidificateurs à effet Peltier, quant-à eux, n’ont pas le moindre dispositif de dégivrage.
Naturellement, même les déshumidificateurs à effet Peltier ont leur raison d’être, mais pas de pouvoirs miraculeux !
Ce n’est pas un mythe :
Les déshumidificateurs à effet Peltier ont leur raison d’être pour une niche du marché
Et ce, au sens le plus littéral du terme : les déshumidificateurs à semiconducteur sont effectivement bien adaptés pour les interventions de déshumidification dans les locaux fermés de très petites dimensions. Voilà pourquoi, en tant que leader du marché de la déshumidification mobile, Trotec se doit d’avoir de tels déshumidificateurs à semiconducteur à son programme.
Ces appareils conviennent parfaitement à la déshumidification permanente des armoires à vêtements et à chaussures, des garde-manger ou des petits locaux sanitaires sans fenêtre. Pas plus et pas moins.
Vous pouvez le calculer vous-même : pour maintenir ce type de local à un taux d’humidité relative de 50 %, il faut extraire environ 26 ml d’eau par mètre cube et par 24 h. Avec une capacité de déshumidification maximum de 300 ml par jour, la technologie Peltier arrive à ses limites avec un volume à déshumidifier d’à peine 12 mètres cubes.
Mais vous pouvez aussi, tout simplement, utiliser notre outil en ligne pour calculer de manière individuelle votre besoin en capacité. Vous pouvez ainsi configurer n’importe quelle application et vous obtenez une recommandation sur mesure, allant en fonction de votre scénario du déshumidificateur à effet Peltier compact au gros déshumidificateur confort.